Récital poétique et musical le 6 décembre
Bruno Doucey, Marion Diaques et Salah Al Hamdani
Michaël Glück
Lectures autour de "L'arc et la lyre" d'Octavio Paz
La Médiathèque Albert Camus et la Maison de la poésie présentent leurs excuses à toutes les personnes qui n'ont pas pu entrer lors de la représentation du 15 novembre, faute de places
disponibles.
Je n’avouerai que l’eau
« Je » ? Quelle est cette voix poétique nommée « je » qui se surprend à monologuer, balbutier, scander, s’interroger, se solliciter, s’interpeler ? C’est celle du poète et comédien François Philipponnat qui s’entremêle à sa nymphe Echo, la comédienne Nadine Cabarrot. L’un répond à l’autre en polyphonie , la voix de Nadine vient ruisseler et se mêler à la salive bégayante de François qui inonde son texte : « Je n’avouerai que l’eau ». Cet aveu quelque peu insolite et surréaliste est à l’image de ce spectacle. C’est un torrent de mots qui se déverse sur les spectateurs pour mieux les ramener, inconséquents bateliers, vers le rivage de la présence poétique au monde.
Céline Keiser
Planète pacifiée de François Szabo
En réponse à l'avertissement du poète.
Planète pacifiée où la nature humaine se déploie à même le sol, à même la terre.
terre fragile et argileuse
sur laquelle le pas du poète achoppe
en claudiquant
pour mieux ajourer le "chant salvateur" de la langue.
Planète Terre aussi infirme que le poète solitaire.
Nul n'existe par sa propre présence mais par l'altérité qui lui fait face.
Stigmates des blessures de l'ignorance d'une "dignité humaine" à peine esquissée.
Un geste, une parole d'exigence.
Voici le poète peu à peu gagné par "l'énergie" du poème qui inscrit l'amour comme leitmotif compensatoire à "l'indifférence".
C. Keiser
Soirée de lectures autour du livre Planète Pacifiée de François Szabo accompagné de son fils Dimitri qui en fait les illustrations et Jean Joubert, auteur de la préface.
Retour en images: soirée Frédéric-Jacques Temple
Patricio Sanchez : Le Parapluie rouge
C’est sous les auspices bienveillants de notre poète et président Jean Joubert - qui entama cette rencontre « plaisir du texte » en brandissant, non sans malice, un coruscant parapluie rouge qu’une feinte superstition l’empêcha d’ouvrir ! - que Patricio Sanchez, son éditeur Jean Charles Domens et leurs lecteurs, à tous les sens du terme, furent introduits.
Puis vint la présentation par le même Jean, du poète chilien « fétiche » de la maison de la Poésie, très sincère et touchante. Comme l’auteur de « Blanche » le dit lui-même souvent (filiation chromatique ?) à propos de la Poésie définissant ainsi en quelque sorte l’art en général peut-être : la poésie de Patricio Sanchez est « une voix d’homme pour des hommes ».
Bel accueil pour le recueil « Le parapluie rouge » de Patricio Sanchez, publié très récemment par une figure capitale de l’édition en Région Languedoc : Jean-Charles Domens qui publia aussi Jean Joubert (« Blanche » justement, dans le premier opus de sa collection de poche !) et bien d’autres écrivains comptant pour nous.
La soirée fut chaleureuse et haute aussi bien en audaces poétiques qu’en émotions. Et l’on peut dire que c’est souvent le cas des soirées où Patricio est à l’honneur.
Un souffle dont des lecteurs et lectrices inspirés (le poète y compris) ont pris possession pour nous livrer une poésie étonnante et transparente ( le mystère peut aussi naître de la limpidité), tour à tour grinçante et même très drôle, surréaliste et tendre, exigeante quoique à hauteur d’homme, lucide sous des atours naïfs et musicaux.
Nous pensions à Verlaine, à Desnos, à Aragon et bien sûr à Pablo Neruda…
Et nous étions dans les rues de Valparaiso dont des embruns et des couleurs lentes un « parapluie rouge » n’a pas réussi - fort heureusement ! - à nous protéger.
Rues australes que le lustral verre blanc ou rouge de l’amitié ont rendu ensuite à discrétion plus vibrantes encore !
B. Minjat
Le Plaisir du texte: lecture par David léon du texte de Barthes et présentation de la future bibliothèque par les universitaires Serge et Marie Bourjea
Quel plaisir d'inaugurer cette première soirée consacrée au "plaisir du texte"!
Chacune de ces soirées se présentera sous la forme de lectures de textes aimés, appréciés, chéris des acteurs, des éditeurs ou des poètes.
Enfin, le lecteur/auditeur est roi. Le texte est dit sans fioriture, le texte "tel quel" permettant ainsi à l'auditeur d'y goûter sincèrement, im-méditament.
Cela n'empêche pas de laisser ensuite place au dialogue, à la discussion ouverte à tous concernant l'oeuvre ou l'auteur choisi. On lit les poètes mais on a le droit aussi de les "raturer", de les commenter, de les dire autrement, de dire sa propre lecture: c'est bien ça aussi la "lit-térature"...
David Léon a su nous faire passer toute la saveur du texte de Roland Barthes.
Par ailleurs, la future bibiothèque a été présentée par les universitaires Serge et Marie Bourjea qui ont su glaner ça et là des "pépites" encore cachées dans les cartons qui bientôt (en janvier prochain) seront accessibles à tous. De nombreux poètes contemporains d'ici (éditions de toute la méditerranée) et d'ailleurs (éditions bilingues; revues étrangères) constituent entre autres le fonds de la future bibliothèque actuellement en cours de catalogage. Encore merci à M.Jean Tena et à Frédéric-Jacques Temple pour leurs dons riches et variés à hauteur d'environ 500 ouvrages actuellement!
C. Keiser
Première soirée Bienvenue le 29 septembre avec Jean-Louis Estany : "Résister"
Inauguration du lieu de la Maison de la Poésie mercredi 15 septembre
Il est des départs plus amples que d'autres, des débuts qui n'en sont pas mais semblent être de véritables envols.
La Maison de la Poésie en Languedoc existe depuis maintenant 5 ans mais n'avait pas de lieu identifiable et officiel, pas de "maison" paradoxalement. C'est chose faite désormais et la soirée de mercredi marquait ainsi une véritable inauguraion au sens plein du terme. Car avec des murs fixes c'est le ciment des projets qui se fait plus dense. En effet, la soirée fut riche en perspectives pour l'année à venir avec de nombreuses et variées manifestations prévues (programme ici). Le lieu était comble de monde et l'atmosphère chaleureuse et même euphorique, avec dans l'air cette leste électricité propre aux partances, aux entames. Car la sensation d'un début de quelque chose était bien là et l'on percevait que désormais localisée la Maison de la Poésie allait pouvoir prendre tout son essor : accueillir, jouer, clamer, conserver, lire, danser, chanter, sortir d'elle-même bien sûr (beaucoup de manifestations sont aussi prévues dans d'autres lieux), être somme toute un lieu de culture public ouvert sur les paroles poétiques.
Clôturée dans la convivialité d'un apéritif, la soirée était vraiment à marquer d'une pierre blanche, de celle que foulent les "semelles de vent" pour reprendre l'expression du poète, les pas d'une nouvelle marche poétique.
B. Minjat
Affable et avenant, spectacle chorégraphique par Denis Taffanel
La performance de Denis Taffanel affirme avec force et conviction que les mots sont des organes formant un corps, le poème. Passant par le truchement de la parole vive, il est un corps-poème en mouvement dans l'espace du dire. De Rilke (Recueillment du matin), à La Fontaine (Les femmes et le secret) en passant par Hikmet (La plus drôle des créatures), l'artiste a pétri la langue comme il a contorsionné son corps et pris à son compte l'arpent scénique. Tour à tour féroce, ironique, grave, provocatrice et drôle la chorégraphie s'est emparée des mots pour engendrer une danse syntaxique et expressive.
B.Minjat
La comédie du livre de la Maison de la Poésie
Voici la cinquième annnée que la Maison de la Poésie féconde la Comédie du Livre de plusieurs manifestations inscrites dans le thème du pays invité : pour l'édition 2010, ce sont les Etats-Unis qui étaient à l'honneur et donc bien-sûr les poètes américains.
Dans cette optique, Jean Joubert, romancier, poète et traducteur français, par ailleurs Président de la Maison de la Poésie, nous a proposé de découvrir deux poètesses américaines quelque peu méconnues : Denise Levertov et Ruth Fainlight. Un exposé clair nous a permis de connaître quelques élements biographiques et surtout nous a fait saisir les forces à l'oeuvre dans leurs poésies respectives : des clefs de sens pour comprendre les vers de ces deux artistes. En complément essentiel Jean Joubert et la comédienne Eloise Alibi, tous deux avec un parfait accent, ont ponctué la "théorie" de plusieurs lectures de poèmes qui nous ont donné à déguster la chair des mètres américains.
Une poésie transcendante en clair-obscur pour Denise Levertov et une inspiration plus réaliste pour Ruth Fainligh.
Dans la foulée, le poète et romancier Frédéric Jacques Temple nous a donné une conférence passionnante sur le grand auteur, philosophe, essayiste et naturaliste du XIXéme siècle, David Henry Thoreau. M Temple a mis en évidence, en en restituant toute la force de liberté et de poésie, la vie et les thèses de l'auteur de Walden ou la vie dans les bois.
Au sein de l'antique salle Molière, les comédiens et comédiennes Juilen Guil, Eloise Alibi, Juliette Muchonnat, habitués de la Maison de la Poésie, nous ont lu avec expressivité, fureur et audace des poèmes choisis de Poe, Whitman et Ginsberg. L'interprétation du "Corbeau", en bilingue, était particulièrement remarquable.
B Minjat
L'oral et hardi par Jacques Bonnaffé le lundi 3 mai au théâtre Jean Vilar
Dépaysement. Espace. Feu. Trois maîtres mots de l'oeuvre d'André Velter que l'on a retrouvés concentrés, incarnés dans le récital « Décale-moi l'horaire » où le poète scande des « chansons parlées » sur des musiques composées par Jean Schwarz. D'énergies, de pulsions « rouges » en traces lumineuses d'incantations indiennes, la parole a toujours été porté en « Haut-Pays », pour reprendre le titre d'un de ses derniers recueils et André Velter, d'une même imprécation, d'un même souffle fervent crée une hybridation ravageuse, un oscillement entre deux plaines, comme en balançant sur une arrête montagneuse, entre chant scandé, poésie sonore et récitatif classique. Par cette hésitation la parole « décale » les angles de vue et livre ce qui atteint au pur rythme c'est-à-dire une trajectoire spaciale du sens et de la plénitude du dire. Une marche vive à travers les fuseaux horaires du
langage.
B MINJAT
Des neuves entrailles – un charmant auditorium à taille humaine – de la Médiathèque Françoise Giroud de Castries se sont élevés des sons, deux voix s’apostrophant au carrefour du verbe, des clacs, des « crift, craft » ( !) et des leçons d’yeux et de cœurs dialogués poétiquement. Avec sa plume biseautée à point François Philipponnat distribue une cantate verbale pour canon, distille rythme et verve pour deux becs d’Albatros virevoltant dans de polyphoniques nues. Et pour l'auditoire attentif, soumis aux mots tour à tour chuchotés, heurtés, scandés, mis en fugue, en fuite, en résurgence et surtout en existence, la jubilation surgissait à chaque "tour" de langage .
Un spectacle vivant pour une écriture vivante (quoique regardant la mort et la fiction en face) porté par deux voix d’acteurs (dont l’auteur) parfaitement enchevêtrées, orchestrées.
On est emporté par la pulsation primordiale du dire sans pour autant s’oublier à la séduction du pur signifiant : le sens affleure sans cesse.