Le blog de la Maison de la Poésie Jean Joubert
19 Février 2018
Le Printemps des Poètes a lieu à Montpellier avec le parrainage de Jacques Bonnaffé.
Que doit faire un parrain ? Il y a deux vies derrière ce mot et si je peux revêtir l'habit officiel du parrain, je ne dois pas écarter sa part d’ombre : mafieux de la poésie est une position difficile à justifier vu le caractère d'innocence de la filleule. Je peux pourtant essayer, dire au clair qui elle accueille à son bord, ses voyageurs clandestins, mal inspirés ou pâles exécutants. Peut-être faudra-t-il voir à y faire le ménage à la sulfateuse ! Un parrain, ça n’est pas que risette et cadeaux !
J’ai deux pôles dans la vie : un côté Janvier un autre Verheggen, sans être bipolaire tout à fait. Un côté sérieux un côté drôle, ayant remarqué depuis longtemps que les plus sérieux se trouvaient parfois très drôles (et je pense à Beckett ami de Ludovic Janvier). Il est vrai que les poètes, les grands poètes c’est autre chose… Certains donnent vraiment l’impression de n’avoir jamais souri. Prenez René Char, ou Bonnefoy... Y a-t- il une photo, une seule qui les autorise à quitter le sérieux de leur fonction ? Et Michaux si grave - mais grave de chez grave - il n’y pas photo, aucune, il n’en voulait pas ! Pauvre fille que la poésie, elle a des tuteurs sévères ! Verheggen me sert toutes les fois qu’on veut se donner trop d’importance poétique et j’ai des discours de parrain tout écrits pour les séances officielles et les remises de coupes, les prix ou les agapes champêtres. Grâce à Jean-Pierre : poèmes et logorrhées pour témoigner de l'immense déflagration de la langue, pour peu qu’on l’écoute derrière ses mots. Déflagration déclenchée par l’ardente fréquentation des auteurs. Les poètes sont solitaires, ils sont uniques mais ils se servent les uns des autres. Et de leur mémoire et de leur sensation, n’oublions pas. C’est le Printemps, ils prolifèrent et moi je veux bien les servir.
Mon action particulière à Montpellier sera de mieux connaître la poésie de James Sacré, l’une des écritures les plus marquantes aujourd’hui. L’un des paysages introspectifs qui nous touche unanimement, comme si en se racontant lui-même il était métaphore de notre situation au monde. Un chant reconnaissable, le nôtre. Jacques Bonnaffé
03 mars – 18h / soirée inaugurale
Robert LOBET et les poètes
Vernissage de l’exposition du plasticien et éditeur Robert Lobet
Camargue, où le soleil brûle l’eau
Présentation de la revue Connivences
Poètes invités : Estelle FENZY, Felip COSTAGLIOLI
Ainsi que plusieurs poètes auteurs d’un livre d’artiste en collaboration avec Robert Lobet édité aux éditions de la Margeride :
Frédéric Jacques Temple, Laurent Grison, James Sacré, Janine Gdalia, Jean-Gabriel Cosculluela
Robert Lobet, artiste plasticien, graveur, a fondé en 2001 les Editions de la Margeride, qui éditent des livres d’artiste nés du compagnonnage de Robert Lobet avec les poètes. Voyageur contemplatif, Robert Lobet produit une œuvre « d’inspiration nomade ». « On peut y reconnaître une topographie organique, solide, réelle, tout autant qu’y parcourir un paysage mouvant, fluide, tout intérieur » (Felip Costaglioli).
Ce Printemps à Montpellier, Robert Lobet expose des œuvres créées durant sa résidence 2017 à la Réserve naturelle nationale de Camargue pour en célébrer les 90 ans.
En 2016, Robert Lobet a fondé la revue Connivences, qui se présente comme un dialogue vivant entre les artistes d’arts visuels et les poètes.
Poètes invités : Estelle FENZY, Felip COSTAGLIOLI
Estelle Fenzy est née en 1969. Après avoir vécu près de Lille puis à Brest, elle habite Arles où elle enseigne. Elle écrit depuis 2013, des poèmes et des textes courts.
Publications :
CHUT (le monstre dort) aux éditions La Part Commune (2015)
SANS aux éditions La Porte (2015)
ROUGE VIVE aux éditions Al Manar (2016)
JUSTE APRES aux éditions La Porte (2016)
L’ENTAILLE et LA COUTURE aux éditions Henry (2016)
PAPILLON aux éditions Le Petit Flou (2017)
MERE aux éditions La Boucherie Littéraire (2017)
Livre d’artiste:
PETITE MANHATTAN, dans Le Monde des Villes, Brest 2, avec André Jolivet, éditions Voltije
Revue d’artiste :
CONNIVENCES 6, éditions de La Margeride, avec aussi des poèmes d’Alain Freixe, des photographies de Rémy Fenzy et des peintures de Robert Lobet
VIA ARELATENSIS, de PIERRE et de VENT, éditions de La Margeride, 2018
PAR Là, éditions LansKine, 2018
Felip Costaglioli né en 1964 à Alès dans le Gard, vit depuis 20 ans aux États-Unis dans le Minnesota. Il enseigne le cinéma à Saint Cloud State University, parallèlement à son travail de recherche sur la poésie contemporaine et le cinéma, il se consacre à la traduction de poètes catalans, américains et français. Il poursuit aussi son propre travail d’écriture, poésie et nouvelles, dans les trois langues. Depuis plusieurs années il collabore avec de nombreux artistes, peintres et musiciens, cinéastes et photographes, alliant poésie, images, et musiques au sein de divers spectacles et performances poétiques. Il est publié notamment à l’Arrière- pays, Alabatre (Barcelone), Éditions de la Margeride, Les carnets d’Eucharis, Serge Chamchinov
Présentation de la revue Connivences
Connivences est une revue de poésie et un livre d’artiste publié par les Éditions de la Margeride animées par Robert Lobet. Il permet une rencontre entre des auteurs et des artistes venus d’horizons différents réunis autour d’un thème ou un évènement. Chaque numéro est illustré d’œuvres en résonance avec les écrits. Chaque couverture comporte une création originale. Réalisée par un artiste dans l’esprit des livres de bibliophilie, la revue Connivences est aussi un livre d’art et un objet de collection.
Les roseaux secouent leur crinière blonde. Les chevaux plantent
leurs sabots dans le sable. Le Vaccarès se ride comme un désert.
Les dunes, accrochées aux ganivelles, laissent échapper un peu d’elles-mêmes.
Ni ciel, ni eau. Juste le miroir d’un monde renversé.
Baisse asséchée
L’été rejoint l’hiver
Le sel comme si la neige
Estelle FENZY
L'exposition de Robert Lobet porte le titre du poème d'Alain Freixe:
CAMARGUE, où le soleil brûle l'eau
Pays déchiré par les eaux, pays éclairé par les vents, Camargue.
Ici, on va de la terre à l’histoire, de l’histoire à la terre.
En tiers, le ciel où montent les paroles des hommes, leurs chants en lutte souvent avec le vent.
La lumière, sur ces terres, est dévoratrice.
Elle happe, mange les écarts. Noie toute distance.
Fait oublier tous ces loins entre les choses qui font les choses, leurs rapports.
Les lignes se perdent, se diluent, se dissolvent.
Demeurent les traces du sourd travail qui tend jusqu’à rompre, ici ou là, l’espace.
Alain Freixe