13 Mars 2023
Je vois toujours des horizons là où tu dessines des frontières
Frida Kahlo
Mercredi 15 mars – 18h30
Maison de la Poésie Jean Joubert
LA MAISON DEHORS (La casa fuori)
Lecture-concert lectures bilingues italien/français accompagnées au piano
COMPAGNIA DELLE POETE
LAURE CAMBAU : piano, voix MIA LECOMTE : voix
Textes de : Livia Bazu, Laure Cambau, Vera Lúcia de Oliveira, Adriana Langtry, Mia Lecomte, Helene Paraskeva, Brenda Porster, Barbara Pumhösel, Francisca Paz Rojas, Candelaria Romero, Barbara Serdakowski, Jacqueline Spaccini, Eva Taylor.
Musiques de : E. Satie, L.M. Gottschalk, A. Piazzola, E. Schulhoff, B. Bartok, H. Villa-Lobos, traditionnel balkanique.
La maison… Les poètes de la Compagnia delle poete explorent ce thème d’un lieu à la fois réel et fantasmatique, en tant que lieu de passage, un non-lieu qui en même temps nous appartient et ne nous appartient pas. Les maisons toujours « en dehors », différentes d’elles-mêmes, symbole de frontières mobiles, d’identités multiples qui se situent à la limite des géographies, des destins, des sentiments. Des maisons qui sont des corps, des organismes en mutation, des cellules où les relations et conflits se déclinent à l'infini.
Au piano, 88 notes sans frontières s’offrent en résonance aux mots des poètes, à travers un voyage musical, de la musique française à la musique des Balkans, en passant par des pièces latino-américaines.
Laure Cambau
Poète et pianiste, elle a publié dix recueils de poésie et reçu le prix Poncetton de la SGDL pour Lettres au voyou céleste (Amandier, 2010). Derniers ouvrages : Le Manteau rapiécé un voyage au fil du souffle (2017,Unicité), (Prix Vénus Khoury-Ghata 2018), Grand Motel du Biotope (2021, éditions Apic Prix Léon Paul Fargue 2022). Les yeux de la mouche (2023, Le Castor Astral). Laure Cambau se produit très régulièrement en musique de chambre, avec des artistes lyriques et des écrivains.
Mia Lecomte (Milan, 1966) est une poétesse et écrivaine italienne d’origine française.
En 2009, elle a créé la Compagnia delle poete, un groupe théâtral de poétesses étrangères italophones dont elle-même fait partie. Elle est traductrice du français et critique littéraire dans le domaine de la littérature transnationale italophone et, tout particulièrement, de la poésie. Elle fait partie des membres fondateurs de l’Agence littéraire transnationale Linguafranca, créée en 2017.
Dernières publications : Lettere da dove (2022), poèmes - Là où tu as ton corps, poèmes, 2020, trad. française d’Éric Sarner et Roméo Fratti, Prix Khoury Ghata 2021.
La Compagnia delle poete est née en été 2009 grâce à l’initiative de Mia Lecomte, poète franco-italienne et spécialiste de la littérature transnationale italophone. Elle se compose de femmes poètes étrangères unies par la commune italophonie.
L’Agence littéraire transnationale LINGUAFRANCA , née à Paris en octobre 2017, se compose d’un collectif d’écrivains, de chercheurs et de traducteurs partagés entre la France et l’Italie, tous conscients des problématiques transculturelles et engagés depuis longtemps dans la voie des littératures transnationales ; par la promotion du plurilinguisme et de la littérature transnationale, LINGUAFRANCA se propose de contribuer à la création d’une conscience politique démocratique et inclusive, qui soit le point de départ d’une diversité culturelle mondialisée. (www.linguafrancaonline.org)
Jeudi 16 mars
19h
Maison de la Poésie Jean Joubert
Et par le pouvoir d’un mot
Rencontre et lecture autour de Paul ELUARD
En partenariat avec les éditions Seghers et le Cours Florent Montpellier
Table de livres avec la librairie Sauramps
Rencontre avec Xavier Donzelli, auteur de « Et par le pouvoir d’un mot » (éditions Seghers)), et Anne Dieusaert, directrice littéraire des éditions Seghers
Entretien mené par Dominique Aussenac, journaliste littéraire.
Lectures de poèmes d’Eluard par les comédiens issus du Cours Florent Montpellier : Guillaume Ouvray et Marine Bedon, sous la direction de Stéphane Laudier, référent pédagogique au Cours Florent.
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté
Paul ELUARD
L’histoire vraie d’un poème porteur d’espoir sous l’Occupation.
Et par le pouvoir d’un mot raconte « Liberté » de Paul Eluard, ou l’histoire d’un poème devenu mythique : d’abord paru en revue à Alger, puis dans Poésie et Vérité 1942 à Paris, repris dans La France libre à Londres, largué par les avions de la Royal Air Force en 1943, traduit et adapté en musique, il deviendra emblématique de la Résistance, et sans doute l’un des textes les plus célèbres du XXe siècle.
Comment un simple poème, inspiré par l’amour de deux femmes, a-t-il pu circuler dans toute la France, au creux des Années noires ? Comment ce seul poème, par le pouvoir d’un mot, a-t-il rendu l’espoir à tout un peuple, alors à genoux ?
Le poème est le véritable héros de cette histoire.
Xavier DONZELLI
Né en 1975, Xavier Donzelli a enseigné le français en Inde, en Equateur et en Chine. Secrétaire de rédaction à la revue Historia, il vit aujourd'hui à Paris.
Depuis des années, Xavier Donzelli se passionne pour l’histoire du mythique « Liberté » de Paul Eluard. Grâce à des recherches poussées dans divers fonds d’archives, il a réussi à retracer l’itinéraire du poème, de sa création à sa publication en 1942 à Alger, dans la revue Fontaine, puis, à des milliers d’exemplaires, dans la plaquette Poésie et Vérité 1942 de La Main à plume, à Paris. Bientôt repris dans la revue La France Libre à Londres, parachuté en 1943 au-dessus de Nantes, Orléans, Le Mans, Argentan, Caen, Lille, Amiens, Paris par les avions de Royal Air Force, traduit et diffusé hors de France, enfin adapté en musique, le poème, échappant à son créateur, rencontrera un écho exceptionnel : il deviendra l’un des textes emblématiques de la Résistance.
On le sait : c’est toujours la petite histoire qui fait la grande histoire. En levant le voile de la légende, Xavier Donzelli a voulu raconter celle des hommes et des femmes qui ont porté ces mots si simples, si puissants et universels, qu’ils pouvaient parler à tous. Paul Eluard, Nusch, Cícero Dias, Max-Pol Fouchet, Raymond Aron, André Labarthe, Louis Parrot, Lee Miller et Roland Penrose, Francis Poulenc et tant d’autres, célèbres ou anonymes, sont les messagers de « Liberté ». Dans ce premier roman choral, le lecteur entre dans une ronde, où chacun des personnages – auteur, éditeurs, imprimeurs, animateurs de revues, traducteurs, libraires –, prend sa part dans la diffusion d’une parole libre, porteuse de sens et mobilisatrice. Comment ces hommes et ces femmes de bonne volonté ont-ils pu, ensemble, déjouer la censure ? contourner les autorités de Vichy par des réseaux secrets et grâce à des publications clandestines ? Quels périls ont-ils endurés et quels drames cachent ces vers ? Les différents chapitres, conçus comme autant de scènes, nous invitent à suivre cette épopée, poétique et haletante.
De son vrai nom Eugène Grindel (1895- 1952), Paul Eluard adhère au mouvement Dada, puis participe à l’aventure surréaliste aux côtés d’André Breton, Louis Aragon et Philippe Soupault. Poète de la Résistance durant les années noires, militant communiste, il demeure le chantre éternel d’un certain lyrisme amoureux. Dans la collection « Poésie d’abord », les Éditions Seghers rassemblent quelques-uns de ses plus beaux textes : Derniers poèmes d’amour, Le Poète et son ombre, Poésie involontaire et poésie intentionnelle, L’Immaculée Conception (avec André Breton) et Lettres de jeunesse.
Samedi 18 mars
Médiathèque centrale Emile Zola
Grand auditorium
16h
Table ronde
Dans le cadre du projet « Les poètes traduisent les poètes : Bâtir des ponts, dépasser les frontières »
Une belle coïncidence fait se rencontrer le thème de l’exposition-événement de la médiathèque centrale Emile Zola, « En voyage », celui du Printemps des Poètes, « Frontières », et le projet de la Maison de la Poésie Jean Joubert, « Les poètes traduisent les poètes ».
Ce moment est une escale accueillie à la médiathèque Emile Zola de ce projet sous-titré « Bâtir des ponts, Dépasser les frontières», porté par la Maison de la Poésie Jean Joubert et lauréat de Montpellier capitale européenne de la culture 2028.
Voyager, c’est bien entendu franchir des frontières, et celles de la langue sont évidentes.
Mais la poésie, territoire universellement partagé, se joue des limites et des obstacles. Les pouvoirs de la traduction de la poésie nous transportent au cœur même de l’expérience la plus bouleversante du voyage : approcher l’âme des peuples.
Jean-Claude Forêt conduit la table ronde.
Avec les poètes traducteurs :
Michel ECKHARD-ELIAL, Jean-Claude FORET, Michaël GLUCK, Mia LECOMTE, Patrick QUILLIER, Arnaud VILLANI, Anne BARBUSSE.
Jean-Baptiste PARA, parrain du projet
Poète, critique d’art, traducteur, rédacteur en chef de la revue Europe, il dirige depuis 2010 la collection bilingue « D’une voix l’autre » aux éditions Cheyne. Sur les ondes de France Culture, il a animé avec André Velter l’émission « poésie sur parole ». Il a reçu le Prix Apollinaire pour son recueil La faim des ombres (Obsidiane, 2006). Il traduit notamment des écrivains et poètes italiens et russes. Son activité de traducteur a été récompensée par le prix Laure Bataillon, le prix Nelly Sachs et le prix Etienne-Dolet Sorbonne Université. Parmi ses dernières traductions : Vladimir Maïakovsky, Le cheval de feu (Ypsilon, 2019), Boris Ryji, La neige couvrira tout (Cheyne, 2021).
La revue EUROPE a été fondée en 1923 par Romain Rolland. René Arcos, l'un de ses premiers animateurs parmi lesquels on compte Jean Guéhenno et Jean Cassou, expliquait ainsi le choix du titre : "Nous disons aujourd'hui Europe parce que notre vaste presqu'île, entre l'Orient et le Nouveau Monde, est le carrefour où se rejoignent les civilisations. Mais c'est à tous les peuples que nous nous adressons [...] dans l'espoir d'aider à dissiper les tragiques malentendus qui divisent actuellement les hommes".
LES POETES TRADUISENT LES POETES
Bâtir des ponts, franchir les frontières des langues
Parrainé par Jean-Baptiste Para, le projet présenté par la Maison de la Poésie Jean Joubert est lauréat dans le cadre de l’appel à projets « Montpellier Capitale européenne de la Culture 2028 »
« La traduction est la langue de l’Europe » disait Umberto Eco.
Le projet « Les poètes traduisent les poètes » s’inscrit directement dans cette réalité à la fois langagière et culturelle. S’appuyant sur les réseaux de poètes-traducteurs avec qui elle coopère depuis longtemps, la Maison de la Poésie Jean Joubert propose rencontres, concerts littéraires, lectures multilingues, productions sonores et vidéos associant la musique, la danse, diverses pratiques plastiques autour du thème « Les poètes traduisent les poètes ».
Il s’agit d’interroger la fonction de la traduction dans le travail du poète, les interactions des pratiques, et l’objectif, pour ne pas dire l’idéal, poursuivi. La majorité des langues de l’Europe, leurs traducteurs et leurs locuteurs sont présents dans les diverses manifestations, prévues dans l’année 2023. Bien entendu, le projet est ouvert aux dimensions internationales et aux langues du monde, car il n’y a pas de culture authentique séparée de ses nécessaires valeurs universelles.
Annie Estèves et Jacques Guigou, porteurs du projet
Écrire, traduire
Écrire, traduire. Ces deux activités sont certainement distinctes, sans qu’il y ait cependant entre elles de solution de continuité dès lors que l’on considère ce qui les rapproche dans l’ordre de l’expérience poétique.
Traduire un poème est à chaque fois une expérience neuve. Même si l’on a déjà une longue pratique de la traduction, même si l’on n’est pas novice. Chaque poète, chaque poème nous expose à quelque chose d’absolument nouveau qui nous reconduit à un état de nudité : on se sent démuni, et c’est dans cette condition qu’il nous faut trouver le chemin. On ne peut guère s’appuyer sur des acquis, peut-être même doit-on complètement les oublier. La seule chose qui nous permette d’assurer notre pas, plutôt qu’un savoir positif, c’est la conscience d’erreurs à ne pas commettre. C’est-à-dire que l’on sent moins ce qu’il faut faire que ce qu’il ne faut pas faire. Si l’on peut parler d’une expérience de la traduction, ce n’est donc pas au sens d’une thésaurisation de solutions disponibles. En cette affaire, nous ne disposons pas d’un stock augmenté au fil du temps et dans lequel nous aurions loisir d’aller puiser au gré des circonstances. Car le point décisif n’est pas l’expérience déjà faite mais l’expérience à faire. En regard du poème original, la traduction est une proposition d’existence. C’est aussi pourquoi elle conduit le traducteur à aller au plus profond de la substance de sa propre langue, au plus près de son énergie propre.
Ce qui vaut pour la traduction ne vaut pas moins, à quelques nuances près, pour l’écriture du poème.
JEAN-BAPTISTE PARA, parrain du projet
Extrait du texte confié à la Maison de la Poésie Jean Joubert pour le parrainage du projet « les poètes traduisent les poètes », janvier 2023.
18 mars
17h30
Médiathèque centrale Emile Zola
Grand auditorium
Imasango, poète – Héloïse Dautry, harpe
Gardant la beauté en sa vérité brute j’avance sur les
chemins croisés j’accueille
en moi la poésie l’universel et mon unicité
IMASANGO tresse sa voix et sa parole à la harpe d’Héloïse DAUTRY.
Pour tes mains sources…Ce pays dans mes veines…La voix des paysages…Les titres des recueils d’Imasango évoquent l’osmose entre l’être et les territoires de son existence, l’amour fusionnel et mimétique avec les paysages… Un chant animiste profond qui salue le « renouement » de Saint-John Perse.
Quitter l’île, y retourner, n’avoir pour limites que le ciel et la mer, franchir, tisser, tresser…
Voix et musique, par la grâce de la poète et de la harpe d’Héloïse Dautry, nous y invitent.
Récital traduit en Langue des Signes.
IMASANGO est née et a grandi de Nouvelle-Calédonie. Dès l’âge de 17 ans elle quitte son île pour étudier et voyager. Agrégée d’espagnol et poète, elle a mené en parallèle enseignement et actions culturelles citoyennes, pour accompagner les jeunes de son pays et participer activement à la construction d’une société post-coloniale plus apaisée. Elle promeut une poésie incarnée, nourrie de ses racines insulaires et métisses, de ses multiples rencontres au-delà des frontières, où oralité et écrit tressent la natte de notre humanité, avec lyrisme et engagement, sensualité et spiritualité.
Quelques publications :
Éditions Bruno Doucey Pour tes mains sources (2011) Se donner le pays, Paroles Jumelles, co-écrit avec Déwé Gorodé, (2016), et Ce pays dans mes veines (2022). Aux Éditions de la Margeride, en collaboration avec Robert Lobet, peintre et éditeur, Le baiser des pas de nos silences (2013), Le poème est nomade (2013), Le souffle du silence (2016), Arbre (2018). La voix des paysages (2021).
HELOÏSE DAUTRY, harpe
Premier Prix à l'unanimité au Conservatoire National de Paris, Héloïse Dautry mène carrière en jouant non seulement les concertos classiques pour harpe de Mozart, Debussy ou Rodrigo, mais aussi le répertoire contemporain par la création et la commande d’oeuvres pour harpe. Invitée à des festivals dans le monde entier, Héloïse Dautry est aussi une professeure passionnée, qui enseigne la harpe à de nombreux élèves à la Cité des Arts - Conservatoire national de Région de Montpellier Méditerranée Métropole.