14 Mars 2018
Mercredi 14 mars - 19h
Maison de la Poésie Jean Joubert
Moulin de l'Evêque- 78 avenue du Pirée – Montpellier
Dans le cadre du cycle
Echos de la poésie sonore, performative, expérimentale
performances de
Michèle METAIL "Signe multiplicatif"
Marie de QUATREBARBES " Voguer dans la révolution"
La Maison de la poésie Jean Joubert propose un cycle de rencontres pour observer ce qui se crée aujourd’hui dans le domaine inventif de la parole poétique en hybridation (ou pas) quand elle se revendique du courant « sonore et/ou performatif »
Deux poètes de génération et d’histoire différentes, en dialogue constructif, inaugurent ce cycle.
Michèle Métail est une figure importante de ce courant. Proche du fondateur de la poésie sonore, Bernard Heidsieck, elle crée des « poèmes sonores » au cours de « publications orales ». Son mouvement, « les arts contigus », créé avec le compositeur Louis Roquin, propose des rapprochements entre les divers modes d’expression : arts plastiques, poésie, musique, installations, parformances.
Passionnée par l’Asie (Chine-Taïwan- Japon), Michèle Métail consacre de nombreux travaux à la question du paysage et de sa représentation. Elle a publié une quinzaine de livres, dont cinq aux éditions Tarabuste.
Travaillant sur la question du rapport entre l’auteur-locuteur et l’auditeur-spectateur, Michèle Métail emploie le terme de « publication orale », pour expliciter, dans ses parformances (parformer : exécuter, parfaire, en ancien français), le renoncement au livre et au mode de diffusion du texte. « La projection du mot dans l’espace représente le stade ultime de l’écriture » (M.Métail)
Marie de Quatrebarbes, née en 1984, s’est rapidement fait connaître par ses performances et ses publications (« Les pères fouettards me hantent toujours », et « La vie moins une minute » aux éditions Lanskine). Elle a cofondé une revue de traduction et poésie « La tête et les cornes ». Elle a publié récemment « Gommage de tête » (Eric Pesty éditeur).
Sur Gommage de tête, note de lecture de Camille Brantes dans POEZIBAO :
Haute technicienne, Marie de Quatrebarbes nous soumet à un exercice de thermodynamique textuel : changement d’état de la phrase et transition de phase lors du passage d'un état du mot à un autre. Le flou est là mais diablement précis : composé en six sections, avec pour chacune une logique, un agencement propre, Gommage de tête déroule ses saynètes, tantôt ballades romantiques tantôt space-opéras à la recherche d’une narration introuvable. Une histoire pourtant se dessine – impossible à résumer. C’est une ligne de récit semblable à une ligne d’horizon. On distingue mais on ne saurait voir ; c’est là où réside le magnétisme de ce recueil.
Camille Brantes
Café de la paix. Ici, tout va bien
le goût de rien, l’épée rentrée dans le thorax
j’ai la lèpre. Mais si, je vous jure : j’ai la lèpre
au point du jour, à point fermé le dimanche
je dors sous l’étendard, fait chaud là-dessous
Mon sommeil me murmure
« les mots sont importants »
on en discute avec les morts
jusqu’ici, tout va bien
Qu’est-ce que vous prendrez Mademoiselle ?
la nature est docile
cette façon délicate d’être soi-même
attentive aux gestes du détail
Je vis en rythmes économes
compte et recompte les boutons tombés du peignoir
j’ai été cette petite fille solitaire
la garder encore un peu près de moi
être pour elle la porte ouverte du château
enfermer ma jeunesse dans son cœur
une fois si vieille, peut-être
les retrouvailles rebattues
elles commencent ici pour nous
Marie de Quatrebarbes, La vie moins une minute, éditions Lanskine, 2014